A défaut d’un engagement clair des deux personnalités, regards croisés sur leurs faits et gestes. L’un est sorti d’aquarium et serait au bord d’une piscine alors que l’autre qui se dit être dans la lagune, invite le premier dans les eaux troubles. Tout n’est que supposition sur fond de coïncidences.
Joël Aïvo et Patrice Talon seront-ils candidats au scrutin présidentiel ? L’un va-t-il laisser la course à la magistrature suprême pour l’autre ? Pour l’heure, il est difficile d’obtenir une réponse claire de ces deux hommes. Lors d’une étape de sa tournée dans le Zou, Patrice Talon a fait savoir qu’il reviendra en janvier dire s’il est candidat ou non. « Même si Patrice Talon ne fait pas 10 ans, on a déjà gagné », a-t-il encore fait savoir lors d’une de ses interventions. Le président de la République et le professeur de droit se limitent à des bouts de phrases qui conduisent à des spéculations au sein de l’opinion. A bientôt quatre mois du scrutin présidentiel.
Mais à quelques mois de ce 7ème scrutin présidentiel sous le renouveau démocratique, une ombre d’incertitudes plane sur cette course rendue nuageuse par la CADHP. La Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples s’oppose à la révision de la Constitution qui induit entre autres la non-tenue le 11 avril du scrutin présidentiel. Qu’à cela ne tienne !
Le président Patrice Talon martèle à souhait que l’élection présidentielle sera inclusive. Il y aura beaucoup de candidats, laisse-t-il entendre. Le parti d’opposition « Les Démocrates » ne cesse de demander le saut du verrou du parrainage, redoutant un scrutin non inclusif. Mais à la différence du parti de Boni Yayi, Joël Aïvo, plus proche de l’opposition que de la mouvance, soutient que l’élection sera ouverte. Un peu comme si Joël Aïvo et Patrice Talon se sont passé le message d’une élection inclusive.
Le recto et le verso
Les Béninois ne savent pas grand-chose de la vision de Joël Aïvo pour le Bénin. Ils savent juste qu’il veut restaurer la démocratie et l’état de droit. C’est du moins autour de cela que tourne sa communication. Le professeur d’université apparaît ainsi comme le chaînon manquant de la gouvernance actuelle. La plupart des institutions de la République sont contrôlées par des personnalités proches du régime. Devenant Président de la République, Joël Aïvo apporte un peu plus de couche de la démocratie à la peinture de développement passée par Patrice Talon.
Mais Joël Aïvo ne cesse de marteler qu’il est en désaccord avec Patrice Talon. Il l’a encore dit à Sèmè-Podji, début novembre, en indiquant que « nous ne pensons pas la même chose ». En s’exprimant de la sorte, le professeur d’université veut diriger l’opinion publique vers deux personnages, Patrice Talon et lui, rien que les deux. Du coup, il se pose en challenger de Patrice Talon, celui qui va gérer le pouvoir en 2021 ou en 2026.
A la queue leu-leu
Pour garder cette impression dans la tête des Béninois, l’universitaire emboîte le pas au président de la République dans sa traque avant la présidentielle de 2016. De l’autre côté, Patrice Talon sillonne quasiment les villes foulées plus tôt par Frédéric Joël Aïvo (qui après une pause reprend son dialogue itinérant pendant que Patrice Talon continue sa tournée de reddition de compte). Conséquence, Joël Aïvo partage avec Patrice Talon, la présence dans les médias depuis quelques jours. Des médias qui mettent donc en évidence deux hommes et personne d’autre.
Le professeur Aïvo a souvent rencontré des difficultés dans la tenue de son dialogue itinérant. Les Béninois ont dû certainement s’émouvoir de ses soucis parfois avec la police dans l’organisation de ses rencontres. C’est connu de tous, les Béninois éprouvent de l’empathie pour des personnes opprimées. Un peu comme Patrice Talon avant de devenir président de la République. Le chantre de la rupture a-t-il passé le mot au chantre de la restauration de la démocratie ? Il reste encore quelques mois avant le scrutin présidentiel.