Les impératrices des royaumes bariba ont fait un plaidoyer ce dimanche 30 Août 2020, pour la prise en compte du genre dans la reconnaissance de la chefferie traditionnelle au Bénin. Elles ont présenté le plaidoyer aux autorités politico-administratives représentées par l’honorable Mariam Chabi Talata Zimé Yérima, première vice-présidente de l’Assemblée Nationale.
« La place du genre dans l’initiative gouvernementale de valorisation de la chefferie traditionnelle ». C’est autour de ce thème que les échanges ont tourné dans la ville de Nikki, le centre historique de l’empire Bariba et en présence de l’exécutif de la commune. C’est le troisième jour de la nouvelle année des peuples du Baru Tem des Baatonou que les impératrices des différents royaumes bariba ont choisi de réfléchir sur l’initiative du gouvernement traduite par l’article 151, alinéa premier de la loi N° 2019 – 40 du 07 novembre 2019 portant révision de la loi N° 90-32 du 11 décembre l990 portant Constitution de la République du Bénin. Elles ont d’abord salué l’initiative et témoigné leur gratitude aux autorités avant d’attirer leur attention sur l’aspect de l’implication de la gent féminine dans la gestion du pouvoir. Car selon elles, cela ‹‹ était un fait indéniable aux yeux des historiens en Afrique dans l’époque précoloniale. L’existence d’institutions telles que les reines-mères dont les fonctions transcendaient la sphère de la figuration en est incontestablement l’illustration ›› ont-elles rappelé avant d’ajouter ‹‹ s’il est vrai que la colonisation a profondément impacté les structures socio-politiques traditionnelles, il n’en demeure pas moins que ces institutions témoins du rôle prépondérant jadis joué par les femmes, peuvent aujourd’hui encore servir de leviers pour la promotion à la base de la femme. ››
Ces femmes qui lancent l’appel de Nikki à la prise en compte du genre dans la chefferie traditionnelle ont toutes des responsabilités dans leurs différents royaumes de provenance. Selon l’explication de la fonction de la femme dans les royaumes Bariba, l’impératrice joue un rôle de premier plan au même titre que l’empereur. ‹‹ Dans l’organisation de l’Empire du Baru Tem, au regard de l’influence de la Yon Kogui sur le fonctionnement des institutions ainsi que de ses attributions et fonctions, le titre de « reine-mère » ne saurait équivaloir au concept de « Yon Kogui ». Etant la cousine d’une autre lignée de l’Empereur, disposant des mêmes attributs et ayant les mêmes prérogatives, la « Yon Gnon » a rang d’impératrice. La question des relations entre la Yon Kogui et l’Empereur ne se pose pas en termes de hiérarchie. Les deux institutions ont été pensées comme complémentaires. L’empereur est indiscutablement la première autorité du royaume mais son statut ne lui donne cependant pas un pouvoir de commandement sur la Yon Kogui qui, du point de vue statutaire n’est pas une subordonnée. ›› ont-elles exposé.
Dans sa prise de parole, la première vice-présidente de l’Assemblée Nationale a reconnu la légitimité de l’appel de Nikki en rappelant l’histoire de l’influence des femmes dans d’autres royaumes en Afrique. Elle s’est engagée à rendre audible cet appel auprès de ses compères car ayant participé à la rédaction de cette disposition de la constitution qui prend en compte la chefferie traditionnelle. ‹‹ C’est fort de cela qu’ayant joué ma partition d’élue du peuple dans le vote de la loi citée plus haut et produit un documentaire sur la Yon Kogui, je me devais de participer à la présente rencontre. ›› a-t-elle assuré.