Komi Koutché a encore pris la parole depuis Washington.
Attendre ce début de mois de mai pour faire le bilan économique dans le cadre de la célébration de l’an 4 de Patrice Talon, pour Komi Koutché, c’est loin d’être un choix de date par hasard. L’intention est là, elle est à peine voilée. Laisser couler le discours officiel avec les ministres béninois dans leur vague de défilement sur les écrans des télévisions du pays et juste après, asséner le coup de cours et d’analyse économie politique. Et pour un coup d’analyse économique, la dernière sortie de Komi Koutché en est un, d’une sévérité intense.
Si le plat de résistance de la sortie de l’ancien argentier national reste l’économie, il a ouvert l’intervention par la démocratie et les libertés. Komi Koutché va dire du Bénin qu’il « est devenu une prison à ciel ouvert ». Il voit chez les dirigeants actuels, un déni des valeurs démocratiques, « une gêne ». Une totale remise en cause des valeurs qui ont fait des dirigeants actuels ce qu’ils sont insiste-t-il avant d’ajouter : « Le Bénin en tant qu’Etat n’existe plus depuis 2016, en lieu et place de l’Etat, on a une entreprise privée ».
Concernant le bilan économique, à suivre la description de Komi Koutché, tout s’est arrêté pour le Bénin depuis un bon moment. Le pays pour lui vit « une situation économique équitante ». « Une situation économique difficile » qu’il justifie par des chiffres qu’il va passer au crible. Entre autres éléments qu’il a brandi, les indices de croissance économique en baisse considérable suite au coronavirus. Il rappelle par ailleurs le rebasage des données liées à la dette nationale sans oublier les incessantes virées sur les marchés sous régionaux pour des levées de fonds. Komi Koutché va rappeler que de janvier 2020 à ce jour, Cotonou a levé des fonds par emprunt obligataire sur les marchés sous régionaux à 5 reprises déjà. Des opérations qui ont permis au gouvernement de contracter 238 milliards de francs Cfa.
L’ancien argentier national prophétise que si les tendances restent telles jusqu’à la fin de l’année, au plus tard fin mai, l’endettement sera porté de 400 milliards de francs Cfa à 900 milliards. Un passage d’aggravation du taux qui va profondément saper les bases soutenables déjà saturées du taux d’endettement.