L’information qui retient les attentions est la restitution des trésors royaux au Bénin par la France. Un exploit diplomatique du président Patrice Talon déjà vu comme un héros. Euphorie ! Alors question ! À qui profite le retour des trésors royaux ?
Du grand bruit. Ça communique beaucoup. C’est à croire que le Bénin vient de remporter sa première coupe du monde en football. L’euphorie, on ne sait pas quand est-ce que ça va retomber. Peut-être jusqu’à la fin du second et dernier mandat du président Patrice Talon qui rêve de se voir porter en triomphe. Nous y sommes certainement.
Le retour des biens culturels gardés par l’hexagone depuis environ 129 ans, suscite un engouement populaire. Le peuple béninois a été psychologiquement préparé à accueillir l’événement comme un sacre mondial. Exploit diplomatique certes, à ne pas nier. Mais cela seul devrait justifier ce grand tintamarre qui entoure ce dossier ?
On poserait mille et une questions à l’analyse de ce charivari indescriptible perçu comme une victoire du peuple sur « l’ennemi ». Joie légitime certes, mais qui est encore loin de traduire l’expression d’un acte totalement acquis au forceps. Bienvenue aux trésors royaux. Ils quittent ainsi le luxe insolent des musées français pour l’atmosphère très pollué de leur lieu d’accueil.
Où seront conservés ces objets d’arts, héritages et patrimoines laissés par nos vaillants rois ? Là encore, des interrogations restent en suspens. Lesdits trésors royaux n’existeraient plus si depuis ce temps, ils étaient toujours au Bénin ? Il est une vérité absolue et vérifiée que les béninois n’ont pas la culture de visiter les galeries d’art.
Selon nos investigations, le Bénin n’est toujours pas prêt pour reloger ces trésors dans des conditions requises (musées toujours en construction, même le palais de la République destiné à les accueillir en premier ne les verra qu’en janvier 2022). Autre chose, la France finance près de 35 millions d’euro dans la construction du musée des Amazones d’Abomey (Devant accueillir définitivement ces œuvres). À ce niveau, faut-il encore parler de pillage d’œuvres, au point de se réjouir d’une percée diplomatique pleine de suspension ? Mieux, l’honnêteté intellectuelle impose, selon les récits, de reconnaître que les guerres de conquête et de domination se terminaient par des razzias et l’esclavage. Et beaucoup de récits historiques des conquêtes des rois du Danhomey vers l’est de l’actuel Nigéria en témoignent. Ainsi, en fouillant bien de notre côté, on pourra bien trouver des trésors d’autres palais royaux dans les nôtres. À cet effet, il serait mieux de célébrer le retour de ces trésors royaux sous l’angle de la coopération agissante avec l’ancien colon.
À qui profite le retour des trésors royaux ? La question reste toujours entière quand on pense simplement que le président français Emmanuel Macron est en fin de mandat. Au cours de son quinquennat, le locataire de l’Elysée a multiplié les actions envers l’Afrique en tentant de donner une autre allure à la France-Afrique à défaut de montrer sa fin. Il fallait donc poser des actes allant dans ce sens d’où ce combat entre politiciens français pour obtenir cette possibilité de rétrocession des biens culturels gardés par devers eux.
Il est aussi clair que le président Patrice Talon l’utilisera, à juste titre, dans son bilan en 2026 et personne ne lui fera un procès. La majorité de ceux qui s’extasient, la liesse populaire qui accompagne cet exploit diplomatique en sont les preuves, soit du suivisme beat soit du discours parfait de campagne.
À qui profite le retour des trésors royaux ? Au Béninois tout de même. Puisque l’axe touristique et culturel du programme d’action du gouvernement connaîtra à coup sûr un coup de fouet positif.
D’autre part, ces œuvres auront-elles encore les relents cultuels ou spirituels d’antan ou bien c’est juste du symbolisme ? Bien malin qui pourra le dire.