C’est ce jeudi 23 avril que la Tribune a été publiée à Jeune Afrique. Coïncidence hasardeuse ou agenda bien articulé, bien difficile de conclure. Ce jeudi en effet s’est tenue la vidéo-conférence des chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
L’une des grandes résolutions de ces échanges des présidents par visioconférence se trouve être l’adoption d’une ligne de défense commune au sujet de l’annulation de la dette. Le principe étant adopté en tenant compte des prévisions alarmistes des conséquences du COVID-19 dans la sous-région. Il ressort, des chiffres de la CEDEAO, que si la pandémie dure jusqu’en juin, la zone aura un taux de croissance de 2%. Si le virus continue son ravage plus longtemps que juin, la CEDEAO s’attend à une récession avec 1% de taux de croissance voir pire. Et sur le tableau, les données n’épargnent pas les pays moteurs de la zone comme le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Ghana. Tous les pays sont secoués avec la même violence.
Pour tenir face à la pandémie et même pouvoir relever la tête après la pandémie, les chefs d’Etat à l’occasion de cette rencontre virtuelle, ont arrêté une position unanime : demander l’annulation de la dette. C’est le président Nigérian Mahammadu Buhari qui a été chargé de coordonner la lutte et la défense des positions de l’organisation.
Si l’on imagine que tous les pays n’ont pas la même position le Bénin fait office de pays ayant clairement une voix discordante sur le sujet. La voix de son ministre de l’économie et des finances, même s’il ne compte pas de facto pour être celle de l’Etat, pèse beaucoup. Et pour qui connaît le régime béninois, il est clair que, même à titre personnel, un ministre n’oserait pas en temps si sensible se positionner contre ce qui du reste est la position la plus populaire sur le continent parlant de la dette. En Afrique alors tout le monde contre la dette, le Bénin seul pour son maintien. C’est une particularité inconfortable dans cette CEDEAO où le maître à jouer est incontestablement le Nigéria. Etat d’ailleurs dont le chef va jouer le meneur sur ce débat face aux bailleurs et autres parties prenantes de la question.
Que reste-t-il donc au Bénin dans ces conditions?
S’en arrêter juste à l’étape de la démonstration de la belle académie économique de Romuald Wadagni ? Faire le rebelle, face à tous dans ce combat en passe d’être engagé contre le maintien de la dette ? La question a besoin sans doute de temps pour être élucider. Mais l’on sait que depuis un bon moment Cotonou aime faire émettre la lumière de la différence. Les positions singulières deviennent une habitude pour le gouvernement Talon qui dans la gestion de COVID 19 a marqué des points en faisant tout le contraire de ses voisins et des occidentaux. Prendre le même risque dans un débat visiblement déjà tranché au niveau africain avec l’élection de Macky Sall pour conduire le lobby, et au niveau sous régionale le choix de Buhari c’est un pari aussi gros qui ne peut exciter que les systèmes sûrs des moyens de leur politique.