C’est un grand démocrate que saluent les réseaux sociaux. Mahamadou Issifou rend le tablier avec un scrutin en cours sans lui. Pour le Niger et pour une Afrique de l’ouest en déclin démocratique, la lumière semble venir de Niamey.
Mahamadou Issifou peut exhiber son boubou blanc. Une blancheur, comme pour extérioriser la fierté des Nigériens pour le succès d’un processus électoral sans heurts. Cette première alternance qui semble avoir une saveur particulière au point de faire oublier une dizaine d’années de règne sans le moindre espace pour l’opposition.
Le président sortant a déjà joué sa partition dans le processus en cours. Il ne reste que l’attitude des challengers du deuxième tour pour que Niamey soit la capitale démocratique de l’Afrique de l’ouest. Pour autant, le pays n’a pas de tout temps brillé par sa pratique démocratique irréprochable à l’ère de Mahamadou Issifou. Pour s’en convaincre, il suffit de remonter à 2016. La réélection du président s’est faite à la Soviétique avec 92,51 % des suffrages. En plus d’une opposition qui a boycotté le scrutin à l’époque, Mahamadou Issifou avait auparavant réussi le tour de voir son principal opposant être exilé.
10 ans de règne sans éclat démocratique
C’est une fin qui a juste le mérite de respecter les limites constitutionnelles. Voilà l’homme qui aujourd’hui est porté en triomphe. Issifou, c’est pratiquement pour les jeunes internautes le symbole de l’intégrité démocratique de la région. Le président nigérien tire sa révérence politique sur cette note là. Il la doit, cette note non pas à sa qualité mais à l’histoire politique de son pays. Un pays qui a pris une habitude : offrir des spectacles militaro-politiques. Mahamadou Issoufou doit aussi sa haie d’honneur à cet assèchement du marigot démocratique dans toute la sous-région. D’autres pays jouent désormais le jeu qui jusqu’ici était réservé au Togo : les constitutions malléables à la gloire d’un régime sans fin.