Au Bénin, il n’y a plus de jour où ne grandit le mouvement d’indignation contre la situation carcérale des détenus politiques notamment Madougou Réckya et Aïvo Joël. A ce mouvement pacifique, s’ajoute l’ancien président de la république du Bénin, Nicéphore Dieudonné Soglo. Ce dernier, comme bien d’autres, a préféré pondre une tribune sur sa page Facebook pour se faire entendre. Nicéphore Dieudonné Soglo, qui se dit être victime d’un « manque de considération » de la part de Patrice Talon lève la voix et appelle au respect des droits humains et fondamentaux de tous les béninois. « Il est temps de dire stop » affirme-t-il.
Sa démarche vise une decrispation de la situation socio politique et d’un retour d’une atmosphère de paix et de quiétude pour tous. Si par le passé « j’ai fait preuve de retenue » dit-il, « je ne peux plus rester silencieux lorsque deux éminentes personnalités de notre pays sous un prétexte fallacieux de terrorisme subissent en prison un traitement dégradant, indigne même des criminels de la pègre ».
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Mes chers enfants,
Après avoir ouvertement dénoncé la situation désastreuse de détention de l’ancienne Garde des Sceaux, Madame Réckya MADOUGOU et à la suite de la lettre du professeur Joel AIVO au Garde des Sceaux, j’ai décidé d’entreprendre une démarche auprès du M. Patrice Talon, président de la République et de surcroît premier magistrat de notre pays.
Pour ce faire, j’ai formulé une demande d’audience et ai tenté à maintes reprises de le joindre par téléphone. En vain. Je me suis heurté à ce que l’on peut estimer être un manque de considération. Face à cette situation, j’ai pris la décision de me rendre directement à la présidence, car cela dépasse les limites de l’acceptable ce qui arrive.
Je me permets de paraphraser Martin NIEMOLLER dans « Quand ils sont venus chercher les communistes… », j’ai fait preuve de retenue par le passé, notamment lorsque Patrice Talon a été soupçonné d’implication dans la présumée tentative d’assassinat d’un président en exercice, puis pardonné. J’ai également gardé le silence lorsque mon fils aîné a été poussé à l’exil pour des motifs d’abus d’autorité. De même, je n’ai pas élevé la voix lorsque mon fils cadet a été victime d’une tentative d’assassinat.
Toutefois, je ne peux plus rester silencieux lorsque deux éminentes personnalités de notre pays sous un prétexte fallacieux de terrorisme subissent en prison un traitement dégradant, indigne même des criminels de la pègre.
Il est temps de dire stop. Le peuple béninois, en adoptant la loi fondamentale du 11 décembre 1990, a affirmé sa détermination à instaurer un état de droit et de démocratie pluraliste, dans lequel les droits fondamentaux de l’Homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garantis, protégés et promus comme des conditions nécessaires au véritable développement harmonieux de chaque Béninois, tant sur le plan temporel, culturel que spirituel. Les souvenirs de Ségbana ou du petit palais doivent être relégués au rang de mauvais souvenirs enfouis dans notre mémoire collective.
A présent, je m’interroge : Peut-on bafouer délibérément ces droits fondamentaux de nos concitoyens?
N’est-ce pas fort de ces mêmes droits fondamentaux que le peuple béninois a élu ce Président ?
On m’oppose un silence assourdissant. Mais la parole n’appartient elle pas tout autant à celui qui parle qu’à celui qui sait écouter ?
En cette période de commisération et de dévotion j’appelle les responsables de ce pays à la raison.
Excellent week end à tous
NICÉPHORE DIEUDONNÉ SOGLO