Entre le Bénin et les États-Unis, ça ne colle plus trop bien. Les relations entre les deux états ne seraient plus au beau fixe ou du moins ont reçu un sacré coup. Et pour cause.
Les derniers développements juridico-politiques sont vraisemblablement à la base de ces tons levés des USA sur le Bénin dans l’intervalle d’une même semaine.
Dans un premier temps, c’est le procès du duo de candidats recalés pour la dernière présidentielle qui a attiré l’attention du pays de l’oncle Sam. Au sortie de ces deux procès qui ont condamné Joël Aïvo (10 ans d’emprisonnement ferme plus 45 millions d’amende) et Reckya Madougou (20 ans d’emprisonnement ferme plus 50 millions d’amende), les États-Unis ont annoncé les couleurs à travers un communiqué de presse en ces termes : « Le récent procès et la condamnation des opposants politiques Reckya Madougou et Joël Aïvo suscitent de graves inquiétudes quant à l’ingérence de la politique dans le système de la justice pénale du Bénin ». Selon Ned Price, porte-parole du département d’État, les États-Unis sont aussi « alarmés par la poursuite de l’érosion de l’espace dévolu à la dissidence par l’accroissement général des restrictions à l’autogestion participative et à la liberté d’expression, et par le ciblage systématique des figures de l’opposition politique ». En gros, les Américains soupçonnent une sorte d’ingérence de l’exécutif dans le judiciaire.
Cette déclaration du département d’État a fait réagir le gouvernement béninois. À en croire Wilfried Léandre Houngbédji, porte parole du gouvernement face à la presse, ce mercredi 15 décembre 2021, « Les institutions jouent leur rôle puisque nous sommes dans un État de séparation de pouvoir ». Un argument loin de convaincre quand on se réfère aux reproches de la défense qui dénonce l’irrégularité de la procédure ayant conduit à la condamnation des opposants et l’état vide des dossiers d’accusation.
Les États-Unis haussent le ton après ces procès qualifiés de « théâtres » dans l’opinion. Mais la première démocratie au monde veut surtout dissuader toutes ambitions de sabotage de la démocratie. Alors qu’il a convoqué un sommet mondial sur la démocratie, le président Biden n’a pas invité son homologue Patrice Talon. C’est déjà le signe que la gouvernance de l’administration Talon n’est pas vue d’un bon œil à la Maison-Blanche. Dans sa dernière déclaration, les États-Unis décident de « réduire de manière significative la part de l’investissement régional prévu qui serait faite au Bénin par le biais d’un accord de don régional ». Il s’agit d’une décision prise dans le cadre du programme Millennium challenge corporation. C’est une décision approuvée par le conseil d’administration « en raison du déclin sur plusieurs années de l’engagement du Bénin vis-à-vis des critères d’éligibilité de la MCC et des principes de gouvernance démocratique ». Ce programme finance depuis 4 ans déjà, le secteur énergétique au Bénin. Le premier compact avait permis la construction de plusieurs tribunaux à travers le pays pour faciliter l’accès à la justice.