Le Bénin siège désormais, au sein du Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies, à un moment où la situation sur le terrain reste critique.
Nouvelle responsabilité au sein de la communauté internationale. Le Bénin siège au sein du Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies pour la période 2022-2024. 189 voix sur 192 votants et 01 abstention, c’est le vote qui crédite le pays reconnu comme étant le « berceau de la démocratie » en Afrique. La candidature présentée par le Bénin par l’intermédiaire de la Vice-présidente de la République, Mariam Chabi Talata, à l’occasion de la 76e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations-Unies, tenue par visioconférence à New-York, le 24 septembre dernier, a reçu, sans doute, un écho favorable. Le Bénin crée alors la sensation à l’élection du jeudi 14 octobre 2021, en devenant membre du CDH, l’une des institutions de l’ONU, chargée de promouvoir et de défendre les droits de l’Homme dans le monde.
Cette nouvelle percée diplomatique sur l’échiquier international ne doit faire l’objet d’aucun doute. Historiquement, le Bénin a toujours présenté l’image d’un pays de paix et où il fait bon vivre. Le pays a ratifié pratiquement tous les accords et détient l’une des législations les plus performantes en matière de droits de l’homme sur le continent noir. L’arsenal juridique a été renforcé à tous les niveaux. Il faut y ajouter l’abolition de la peine de mort qui fait du Bénin, l’un des rares pays à prendre, à bras le corps, la question. Mais tout ceci relève d’une performance théorique.
Dans la pratique, tout n’est pas rose
Sur le terrain, la situation est très critique. Le nombre des victimes des droits de l’Homme n’est pas du tout négligeable. Le choix du Bénin au sein du CDH est venu à un moment où les populations vivent une nouvelle expérience en matière de droits de l’Homme. D’ailleurs, dans un communiqué rendu public, le 15 octobre 2021, le bureau exécutif national de l’Organisation des droits de l’Homme et des Peuples (ODHP), que préside Me Aboubakar Baparapé a « violemment » dénoncé cette élection du Bénin au sein du CDH qu’elle qualifie d’illégitime. « Quand on connait la situation des droits de l’Homme au Bénin sous le pouvoir de la rupture, on se pose des questions sur cette admission du Bénin. Sur quels critères élit-on à ce conseil ? Est-ce un vote pour les États ou pour les Gouvernements ? Car, tout le monde sait qu’au Bénin sous le pouvoir de Patrice Talon, les droits de l’Homme et des Peuples sont dans les fers », déplorent les responsables de cette association pour la défense des droits de l’homme qui, par la même occasion, ont dressé un tableau sombre de la situation des droits de l’Homme au Bénin, à tous les niveaux.
Aujourd’hui, des citoyens ont quitté leur pays, craignant des représailles pour des raisons qu’on ignore. D’autres ont été demandeurs d’asile, évoquant leur statut politique. Ils se sont exilés pour, semble-t-il, se mettre à l’abri de l’insécurité. À l’interne, des acteurs politiques ont été emprisonnés et attendent d’être jugés. Autre chose, les conditions de détention au Bénin ne sont pas les plus enviables. Le séjour carcéral ne respecte pas entièrement les impératifs des droits de l’homme, comme le prévoient les textes. « Ils (opposants) sont près de 32 là, dans une cellule exiguë de 30m², sans lumière et enfermés 24 heures sur 24 avait dénoncé Me Baparapé, qui renchérit en disant qu’ils n’ont pas accès au minimum de commodités ». Des constats de l’Organisation pour la défense des droits de l’homme (Odhp), qui démontrent que la volonté du gouvernement béninois, d’humaniser les milieux d’arrêts semble être pour encore longtemps.
Autant de faits qui amènent à dire, que le Bénin présente un double visage au sujet de la question des droits de l’Homme. Cette nouvelle responsabilité du Bénin au sein du CDH permettra sans doute à notre pays, de faire un bond qualitatif, les prochaines années en matière de droits de l’Homme.