As Police, club jadis parmi les plus séduisants du pays. Organisation, efficacité et résultats, les policiers ont bâti un palmarès à partir de rien. Vainqueur de la coupe de l’indépendance en 2014, le club fait partie des géants, qui peinent à se retrouver dans la vague de réformes en cours au Bénin.
Alors que les acteurs du football se tournent vers les hauts gradés pour la gestion des instances dirigeantes misant sur leur rigueur, ceux de la Police Républicaine donnent le contre-exemple. L’AS Police qui, quelques années encore, séduisait le public béninois, est aujourd’hui l’ombre d’elle-même. Enchaînant contres performances et relégation au point d’être oublié du public sportif béninois. Le club traverse une mauvaise passe avec, en toile de fond, des difficultés logistiques entrainant une incapacité à suivre le pas des réformes et mutations, qui s’imposent aux clubs du football béninois depuis le début de la saison sportive écoulée. L’AS Police comme nous la voyons aujourd’hui, a une longue histoire segmentée en plusieurs périodes dont les plus importantes sont celles des années 2000 à 2019 et 2019 à nos jours.
Genèse d’un club qui sombre dans l’oubli
L’envol. Constituée en Association Sportive dans les années 2000, l’AS Police a été déclarée au ministère de l’intérieur sous le numéro 2000/250/MISAT/DC/SG/DAI/SAAP-ASSOC DU 19/07/2000. Après avoir obtenu son attestation de conformité, le 12/07/2000 sous le N°210/MJSL/DNS/SAF/SI/, l’AS Police a tôt fait de gravir les échelons en quittant brillamment la ligue régionale pour la deuxième division puis l’élite. Elle est restée constante au cours de cette période de grâce marquée par une très belle histoire, qui a vu les policiers remporter en 2014, la coupe du Bénin, le passe sportif pour défendre les drapeaux du pays en coupe CAF. Le détail à retenir de ce parcours sera le duel en aller-retour face au club ghanéen de Hearts of Oak. Les Ghanéens par 1-0 à Accra et 0-0 à Cotonou vont poursuivre l’aventure, laissant au quai un club qui laissait espérer, mais qui, quatre années après (2018) tague une descente en ligue 2.
Une descente aux enfers?
La fin d’une très belle histoire, qui a vu l’AS Police faire partie des clubs les mieux structurés se révèle être la deuxième période importante dans la vie de ce club. L’association sportive de la Police, qui a voulu devenir Police Républicaine FC (Assemblée générale du 07.02.2020), fait partie des équipes qui, jusque-là, n’ont pas pu réaliser leur mutation en société Sportive. Un retard dû à une fin de cycle mal négociée par ses dirigeants. Une difficile traversée jalonnée de tournant qu’aujourd’hui gendarmes et policiers peinent à conjuguer à l’unisson. Les hommes en armes habitués à répondre à l’appel du sacrifice se révèlent peu brillants en la matière, quand il s’agit du sacrifice du football.
Difficile transition
La situation s’explique cependant par des éléments nouveaux intervenus au point de désaxer une structure qui jusque-là, a fait bonne impression en matière de management sportif de son club de football. La traversée du désert que connait l’AS Police est due d’une part, à une transition de génération de gérants. L’ancienne génération sous le règne de qui le club a connu ses meilleurs moments est allée à la retraite. La succession n’a visiblement pas été jusqu’ici de taille avec, en prime abord, une guerre de leadership. Décisions à résultats mitigés, incapacité à faire une gestion saine axée sur les résultats et guidée par l’esprit du compte rendu face à la hiérarchie peu intéressée par la chose sportive. Le dosage est parfait pour précipiter la tombée. A ce tableau sombre, il faudra aussi ajouter la fusion des corps de gendarmes à celui de la police pour obtenir la Police Républicaine. Cette fusion intervenue en janvier 2018 est, à n’en point douter, l’élément qui, plus que d’autres, scelle aujourd’hui encore le sort du club de football des éléments de la Police Républicaine.
Priorités ailleurs
Convaincre la hiérarchie trop concentrée sur des sujets de sécurité nationale. Tâche déjà pas évidente pour les responsables du club des flics. S’il faut ajouter à cela la difficile intégration des éléments de la gendarmerie dans l’ossature dirigeante du club, la tâche devient encore plus ardue ; la mer difficile à boire. Depuis 2020, du point de vue textes et règlement intérieur, le football est organisé dans le nouveau corps que constituent les anciens gendarmes et policiers d’alors. Si les textes existent, la mise en pratique et l’adhésion de tous les éléments pour retrouver la puissance de frappe de l’AS Police des années 2014 est loin d’être une réalité.
En terme de gestion, le club a encore perdu de ses bonnes habitudes. Après ses trois (03) premiers présidents à savoir, le Contrôleur Général de la Police (CGP) Roger Awèkè, le Commissaire Divisionnaire de la Police Flavien Clédjo, le CGP Noël Okévè, le club vit presqu’une mini crise. Une transition sans fin est en cours et dirigée par le CGP et président provisoire, Dr Santos. Difficile passe politique, qui va avec une sérieuse traversée du désert entamée depuis 2018 où le club a plongé de la première à la deuxième division pour défaut de moyens logistiques et un désintérêt.
Se relever de sept années de disette
Si sept ans après son seul titre sur la scène nationale, le club de la Police Républicaine sombre et s’efface au jour le jour des esprits du public béninois, c’est inévitablement l’échec cuisant d’une structure qui ne manque pas de moyens. C’est tout autant l’échec des nouveaux patrons de cette structure qui ne flairent que sécurité. S’il est vrai que le football constitue du chinois pour l’actuel Directeur Général de la Police Républicaine, il est d’autant vrai que l’intrépide Soumaïla Yaya peut s’attacher les services des autorités militaires qui, de leur côté, écrivent une noble histoire avec Adjidja FC. A défaut de sonner l’alerte pour la réunion des ressources humaines qualifiées tapies dans ses rangs et qui sont aphones du manque d’implication de la première autorité pour les uns, et pour d’autres, pour des raisons de difficiles collaborations.
Le volet sport s’avère donc être un autre gros défi en plus de celui sécuritaire pour les autorités qui ont à charge la Police Républicaine qui, elle-même est le fruit d’une réforme. Laisser couler l’AS Police, c’est éteindre l’aspect pluridimensionnel d’une armée. Ce qui serait malheureusement une première au Bénin et sous le gouvernement de la rupture, qui se caractérise par les réformes institutionnelle et structurelle. Il est une évidence, l’AS Police se meurt. Soumaïla Yaya se doit de revisiter les pages écrites en la matière par Sessi Louis Philippe Houndégnon, ancien patron des flics.