Le Bénin politique n’a plus eu droit à de propos pareils. Ce temps où les verbes s’entre-cognaient, les mots idéaux étaient très, très peu utilisés pour battre en brèche les dénonciations de son vis-à-vis ou même de son adversaire politique. Ce temps manque sans doute énormément au maire Garba Yaya comme à beaucoup de Béninois. L’occasion que Bertin Koovi lui a offerte, et il ne s’est pas fait prier.
Tonnerre d’injures, une réplique bien appuyée mais dans un langage digne de la rue. L’honorable maire de Bembèrèkè a agrémenté ce début de semaine de quelques Béninois sur les réseaux sociaux. Parti pour répondre à Bertin Koovi, un « opposant plaisantin » sur un forum qui regroupe militants de son parti Force Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE) et bien d’autres, le maire a montré une autre face de lui, une face que très peu lui connaissent, mais une très mauvaise. Dans sa livraison qu’il lui a plu d’appeler réponse à un « énergumène » membre de l’opposition, il a fait l’apologie de la « pagaille ». Une autorité, fut-elle blessée ou offensée, ne devrait pas dire ça. Au contraire !
A l’origine, une déclaration de l’opposant exilé Bertin Koovi qui dénonçait une manœuvre du maire de Bembèrèkè visant à bloquer la marche de la paix des femmes tenue le week-end dernier dans plusieurs villes du pays. Dans son adresse, Bertin Koovi pointait du doigt l’absence à dessein du maire pour ne pas autoriser la marche. Chose qui, selon lui, serait contraire à la démocratie et qui détruirait l’image du Président Patrice Talon.
C’est ce point de vue qui a valu la démonstration de la politique sans éthique de nos politiciens. L’ancien parlementaire s’est lâché. Garba Yaya, en plus de manquer l’occasion de se taire face à une dénonciation visiblement non fondée d’un « opposant plaisantin » comme il a qualifié Bertin Koovi, a aussi manqué de retenue. La même retenue qui avait manqué courant 2015, à l’ancien Président Boni Yayi et à son ancien ministre Candide Azannaï, qui s’étaient attaqués dans des termes très peu recommandables et recommandés. Point n’est besoin de rappeler que cette retenue a manqué il n’y a pas longtemps au DG Armand Gansè qui qualifiait une frange de la population de sa circonscription électorale de « Foulani ». Ce qui lui a valu une interpellation par le procureur de la République même si ce fut qualifié de diversion.
La FCBE, l’école de la récidive
Dans un passé récent, on a vu l’un des leaders de ce parti aujourd’hui élu, se mettre dans le même exercice. Des diatribes au point de jeter un pavé dans la marre dans la ville de Parakou. Dénonçant la gestion peu orthodoxe et peu exemplaire de l’ancien maire de la cité des Kobourou (Charles Toko actuel Premier adjoint), l’ancien ministre Aboubacar Yaya avait, pour raisons de promotion de certains cadres, qualifié celui-ci, de Somba (appellation péjorative des Otamari). Un écart de langage grave au point de devenir très tôt viral dans les réseaux sociaux avec une levée de boucliers. Mais comme le dit le diction : chasser le naturel il revient au galop. Après donc Aboubacar YaYa, c’est le tour du maire Garba Yaya.
Le Maire Garba Yaya mérite, un recadrage moral de la part de ses pairs du même bord politique ou encore de ses parents proches. Car en plus d’être une figure politique, qui du moins doit être exemplaire, il est un cadre de l’éducation à la retraite et responsable de fédération sportive. Mieux, l’enfant de Dieu qu’il dit être n’a pas le droit de traiter une autre créature de Dieu de « canard sauvage ».
Passe d’armes entre opposants, Talon le veinard
Si, à l’origine de cette nouvelle passe d’arme entre politiciens du même bord, c’est-à-dire de l’opposition, c’est cette marche dont la mobilisation n’a pas été un succès, selon le porte parole du gouvernement, c’est que Talon en sort encore plus grandi. Il a su, ou dame nature l’a encore gratifié d’un point dans cette guéguerre entre opposants. Une fois de plus, au lieu de se mettre ensemble pour l’atteinte d’un même objectif, les opposants se tirent des balles dans les jambes, se fragilisant, s’occupant du moins important et dressant le chemin au chantre du nouveau départ qui, à l’approche de la présidentielle, récolte les lauriers et s’occupe d’un bilan verni par l’asphaltage, le paiement des arriérés des travailleurs et pensionnés, etc.
L’opposition béninoise à l’heure du bilan controversé de la marche de la paix et dans l’expectative du déverrouillage de la prochaine explication électorale par le retrait des parrainages, s’occupe sur les querelles internes. Chose qui facilite encore plus la tâche au compétiteur né, de gérer avec sérénité sa mouvance, son opposition, et même les vrais opposants.