Le Bénin reste à la traîne en matière d’épargne. Le taux d’épargne intérieure brut du pays est passé de 19,1% en 2018 à 20,4% en 2019. Une avancée insignifiante. Pour améliorer ce score, des initiatives en faveur de la promotion de l’épargne ne manquent pas au Bénin. La Journée Mondiale de l’Épargne est célébrée par exemple le 30 octobre de chaque année. A l’occasion de l’édition 2020, un panel s’est focalisé sur la « Promotion de l’épargne au Bénin : rôle et importance du digital ». Ce panel a été modéré par Giresse Avokandoto, Directeur du Système d’Information et Chargé d’Études de l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers du Bénin. Le Consultant éducation DFI (Digital Frontiers Institute), revient sur la substance des interventions.
Le chiffre 20,4% comme taux d’épargne intérieur brut du Bénin renseigne aisément sur la situation de l’épargne dans le pays. Une situation qui serait moins inquiétante si les citoyens allaient à l’épargne formelle au lieu de mettre leurs ressources dans des circuits informels. Les panélistes ont fait ressortir « les enseignements nécessaires pour pouvoir faire de la bonne épargne, de l’épargne formelle, c’est-à-dire celle faisant recours aux produits et services des banques et des intermédiaires financiers agréés, les systèmes financiers décentralisés, les assureurs (…) ». Il y a comme une barrière à enlever entre les institutions financières et les citoyens. Le manque d’information et de sensibilisation au profit de ces derniers, est un facteur entravant la ruée vers les structures financières agréées. Il est question aussi de motivation : « Nous avions abordé également les facteurs de motivation à l’épargne, c’est-à-dire les stratégies pour accroître le niveau d’épargne des agents économiques, avec un focus sur la responsabilité des institutions financières vis-à-vis de la mobilisation de l’épargne publique. »
L’épargne informelle, des risques
Confier son argent à un tiers est une faute grave dont les conséquences peuvent être très fâcheuses. Les panélistes ont beaucoup insisté sur les risques liés à l’épargne informelle. Les discussions ont permis aux intervenants de « sensibiliser les Béninois sur un certain nombre de risques liés à l’épargne informelle en mettant l’accent sur les stratégies que doivent mettre en place les institutions financières pour restaurer la confiance dans le cœur des clients, et donc les inciter à se tourner vers l’épargne formelle. » « Nous avions dit qu’il était important que les clients puissent eux-mêmes s’informer et se former et que parallèlement ils puissent jouer à la police en vérifiant de temps en temps la régularité de leurs opérations auprès des institutions financières à qui ils font confiance pour se prémunir contre certains risques. » De plus, « Nous devons aider nos institutions financières à mieux faire leur travail en nous informant pour mieux comprendre les produits et services auxquels nous souscrivons et en tenant à jour nos opérations auprès d’elles. »
Le numérique comme catalyseur
L’amélioration des chiffres de l’épargne au Bénin passe aussi par la digitalisation des services financiers. Au Bénin, la révolution n’a pas encore atteint le niveau souhaité par les acteurs de l’écosystème de la finance et de la banque. Cependant, des efforts sont à noter auprès de quelques structures de la place. Mais il en faut résolument plus, selon les panélistes qui ont exposé « comment la digitalisation vient favoriser la mobilisation de l’épargne pour les institutions financières (…) le Bénin est encore à l’étape embryonnaire de cette révolution mais les acteurs de l’écosystème de la finance inclusive de notre pays sont à pied d’œuvre pour se mettre à jour et pour par la suite proposer à la clientèle des produits et services adaptés en améliorant le parcours du client et en intégrant le client au cœur même de leur stratégie. C’est seulement de cette façon qu’elles pourront offrir la meilleure expérience client possible aux citoyens et surtout aux populations des zones rurales. » « Quelle que soit la forme qu’elle prend, l’épargne digitale revêt des avantages notables : gain de temps, gestion facilitée et frais de fonctionnement réduits, Il n’y a aucun frais caché, les tarifs et les bénéfices attendus sont toujours annoncés clairement » a fait savoir le modérateur.
Pour atteindre l’idéal, les acteurs du domaine attendent que le gouvernement rende disponible la stratégie nationale d’inclusion financière qui est « une déclinaison de la stratégie régionale d’inclusion financière ». Plusieurs pays de la sous-région notamment la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Niger disposent déjà de leur stratégie afin d’évoluer de façon plus efficace.