Ce n’est pas du Patrice Talon. Demander à ses communicants de tirer le drap de la situation nigériane du côté béninois. Plus d’un an que les frontières nigérianes côté Béninois sont bouclées. Avec les manifestations actuelles dans le géant de l’Est, certains activistes croient tenir l’occasion en or pour se venger de Lagos.
Cela fait déjà une dizaine de jours que le Nigéria est secoué par de violentes manifestations avec plusieurs blessés, et douze (12) morts selon Amnesty International. Les médias classiques béninois eux restent pour l’instant de marbre. Ils sont plus concentrés à asséner aux Béninois les échos « des succès de la gouvernance du leader et chef du gouvernement actuel ». Chez les officiels pas la moindre réaction. Signe que les temps changent. Il y a quelques années, les dirigeants de ce pays se seraient rendus chez le voisin, porter aux dirigeants le soutien du Bénin. Avec Patrice Talon, nouveau style, nouvelles réalités accentuées par la fermeture unilatérale il y a plus d’un an des frontières nigérianes, la posture est différente.
Après le grand sujet des impayés du régime Yayi nettoyés par Patrice Talon, c’est le Nigéria qui est à l’honneur. Toutes ou au moins la majorité des plateformes d’information clichées Talon s’est intéressée au sujet des violentes manifestations qui ont lieu au Nigéria. La « klébésphère » est d’attaque rayant Buhari. « Les frontières peuvent rester fermées », « Que le Nigéria garde hermétiques ses frontières », « Parmi les revendications des jeunes manifestants au Nigéria, il y le sujet de la fermeture des frontières », « les manifestants demandent à Buhari de démissionner »… Sont quelques exemples de posts Facebook et Whatsapp de ce mercredi venant des web activistes pros régime béninois. Une position qui confirme la douce austérité qu’ils éprouvent à l’égard de Lagos. Ressentiment rendu acre au fil des évènements survenus entre Lagos et Porto-Novo du mois d’août 2019 à ce jour.
Jubiler la peur dans le ventre
Si les nombreux posts et publications laissent entrevoir une certaine jubilation des médias et activistes pros Talon au vu de la situation nigériane, il y a des choses que les Béninois redoutent. Il s’agit notamment de la flambée des prix des produits pétroliers. Le marché informel des hydrocarbures du pays reste dépendant du Nigéria. Une crise dans ce pays va incontestablement faire monter les prix de l’essence notamment. Les automobilistes béninois sont nombreux à s’approvisionner dans les stations-service de fortunes érigées par les vendeurs du « kpayo ».
Malgré la fermeture des frontières, les échanges entre les deux pays restent considérables. Plusieurs produits, matériels divers viennent toujours de l’Est. Les pièces de rechange d’engins à deux roues et plus, des produits manufacturiers sont en grande partie importés jusque-là du Nigéria. Une dégradation de la situation au Nigéria reste crainte des populations frontalières et usagers des marchés qui maitrisent les liens entre les deux nations.
Dans la crise qui secoue le Nigéria, Olu Ségun Obasanjo (ancien chef d’État du Nigéria), a donné de la voix. Il a appelé l’actuel chef de l’État à montrer aux jeunes l’amour de la patrie. Une prise de position forte. Les communicants béninois pros-régimes omettent de mentionner cette voix. Au pays les sorties de l’ancien chef de l’État ont toujours été mal vues. Mentionner la voix de Obasanjo dans la situation nigériane serait l’occasion de donner carte blanche à Boni Yayi dans ses penchants.