Soumaïla Cissé est libre de ses mouvements depuis le 8 octobre 2020. Au lendemain de sa libération, l’opposant malien est revenu sur son enlèvement et les conditions de sa détention.
C’est en pleine campagne pour les législatives que son convoi a été surpris par les assaillants. Dans la foulée, il perd son garde du corps Mohamed Cissé. Durant son séjour aux mains de ses ravisseurs, l’homme politique malien dit avoir été trimballé de « lieu en lieu depuis le delta central jusque dans le grand Sahara ». Il parle d’une vingtaine d’endroits parcourus malgré lui, avec presque tous les moyens de transports: moto, pickup, pirogue, « même à dos de chameaux ». « J’ai été trimballé dans tout le Sahara et j’ai vu tous les paysages possibles », a fait remarquer l’opposant malien qui se dit en bonne santé malgré les « conditions très austères, une alimentation qui n’était pas adaptée, que de féculent, un isolement quasi permanent, physique et moral qui te démoralise et pendant beaucoup de moment, je n’avais pas les médicaments pour tenir ». Cependant, Soumaïla Cissé rassure n’avoir subi aucune violence de la part de ses ravisseurs.
Des ravisseurs stratèges
L’opposant malien a beau avoir été libéré au même moment que l’humanitaire française Sophie Pétronin et deux autres Italiens, il confie n’avoir jamais rencontré durant son séjour aux mains des ravisseurs, les autres otages. Les djihadistes les ont toujours gardés séparément, afin de réduire tous risques d’évasion. Il s’agit surtout d’une torture morale au vu de l’isolement imposé aux détenus qui auraient pu sympathiser. « (…) non non, je n’ai rencontré Sophie Pétronin que le lundi et les Italiens hier matin quand on allait à l’avion », s’est exprimé Soumaïla Cissé.
Même isolé, sans compagnie, Soumaïla Cissé était informé de l’actualité de son pays. Le coup d’État militaire, les marches de soutien à son endroit et autres mouvements dans le pays, rien ne lui a échappé :
« La chance que j’avais, j’avais une radio, on m’avait offert une radio déjà quand j’étais dans le centre pendant les 10 premiers jours. Après quand j’ai quitté, ils ont repris leur radio et quand j’étais de l’autre côté, une semaine après j’avais une radio et la radio, je l’ai gardée jusqu’à hier (…) cela maintenait un état d’esprit qui me rapprochait quand même de la réalité et me permettait aussi de tenir moralement (…) la radio m’a beaucoup aidé (…) je pouvais passer tous les deux ou trois jours quasiment seul. À part me donner à manger et à boire, je n’avais rien à dire, je n’avais pas d’interlocuteur ».