Face à la criminalité et le grand banditisme, les gouvernements successifs peinent à trouver la parade idoine pour venir à bout des malfrats et autres divorcés sociaux. De nombreuses décisions ont été prises pour tenter d’inverser la tendance. Mais elles se sont révélées, à tour de rôle, inefficaces. De quoi s’interroger sur la question de la libre circulation des personnes et des biens.
Vu la recrudescence des actes de braquages et de haute criminalité au Bénin, on a tendance à dire que le crime semble triompher de la diplomatie. Il est écrit dans la constitution béninoise que l’Etat doit garantir la sécurité à tous les citoyens. Ce qui sous-entend qu’il s’agit d’un droit inaliénable. Dès lors, la sécurité des personnes et des biens apparaît comme une grande priorité pour les dirigeants politiques. Eux qui ont l’impérieux devoir de travailler pour offrir une couverture sécuritaire digne du nom. S’il est vrai que l’insécurité zéro n’existe nulle part au monde, on peut travailler à améliorer, voire perfectionner les stratégies mises en place pour faire reculer les frontières de l’insécurité dans le pays. Là-dessus, il urge de questionner quelques dispositifs pris pour prendre le contre-pied des plans définis par les hors-la-loi pour troubler la quiétude des paisibles populations.
Les opérations « Djapkata » et « Mamba »
La sécurité des personnes et des biens est régulièrement mise à mal ces derniers temps au Bénin. Les cas de vols et braquages deviennent courants sur l’ensemble du territoire national. Chaque jour, les hors-la-loi troublent la quiétude des paisibles citoyens béninois et étrangers résidant sur le territoire national. De quoi amener les responsables au pouvoir, à définir des stratégies. A la suite de l’opération « Djakpata 1» et « Djakapata 2 », on cesse d’enregistrer les cas de braquage et autres velléités visant à perturber la libre circulation des personnes et des biens. Après la phase expérimentale à Cotonou et dans les villes environnantes, le gouvernement a opté pour l’extension de ces dispositifs dans les 77 communes du Bénin. Une décision, applaudie des pieds et des mains par les populations, puisqu’elle était censée remédier convenablement à la problématique de l’insécurité et ses corollaires.
Seulement après cette fameuse date du 1er juillet 2013 consacrée au lancement officiel de l’opération d’extension et la généralisation de l’opération « DJAKPATA » à l’ensemble du territoire national, le constat sur le terrain est très amer. L’idée au départ est d’adresser une riposte à la recrudescence des actes d’insécurité, courant année 2013. C’est dans ce cadre que, soucieux de créer un climat de quiétude aux paisibles populations de nos villes et campagnes, le gouvernement défunt a fait concevoir et procédé au lancement à titre expérimental, de l’opération musclée dénommée « DJAKPATA », dans la ville de Cotonou et environs.
Une expérience, plus ou moins concluante, vu que les résultats de cette opération ont permis, dans une certaine mesure, de dissuader les divorcés sociaux. Les groupes de criminels qui faisaient parler d’eux, créant un climat de psychose généralisée dans la ville de Cotonou et ses environs ont été démantelés et mis en déroute. Cela a créé un certain soulagement au niveau des populations du Littoral. Mais l’efficacité de l’opération et sa pérennisation tiennent lieu des moyens matériels et logistiques qui, malheureusement ont cruellement manqué. C’est dire qu’au fond, l’opération en elle-même, est une bonne chose. A la seule différence qu’il y a manqué de méthode dans le cadre d’un suivi régulier. Pareil pour l’opération ‘’Mamba ‘’ qui a pris le relais de ‘’Djakpata ‘’, sa défunte.
Qu’en est-il des patrouilles ?
Les patrouilles qu’organisent les forces de sécurité et de défense ont pourtant révélé leur efficacité. Dans les coins et recoins, il est souvent loisible de rencontrer les hommes en uniforme, constamment aux aguets. Ce qui naturellement mettait les populations en confiance, en ce que les malfrats et autres divorcés sociaux n’ont plus le courage d’opérer dans la plus totale tranquillité. Mais depuis un bon moment, ces patrouilles ont connu un ralentissement dirait-on. De quoi motiver les hors-la-loi qui ont repris du boulot. Cette fois-ci, leurs cibles ne sont pas uniquement les populations. Ne nous amusons pas à compter les civiles et policiers tués suite à des braquages perpétrés par des malfrats connus, pour leur obsession de frapper partout et sans état d’âme. Les exemples des personnes tuées dans des braquages à Cotonou et qui nous viennent à l’esprit sont nombreux.
En se rappelant la sauvagerie foudroyante avec laquelle les criminels opèrent, il serait indécent de remuer les circonstances de ces décès, surtout par respect pour les familles éplorées. Ces crimes perpétrés ainsi que l’appropriation des biens des victimes par les malfrats, constituent un danger pour la société et un affront pour les forces de sécurité publiques, et plus explicitement la Police républicaine. Tout ce qui se passe est à la fois douloureux et accablant pour l’institution policière. « Tu me déclares la guerre, je te déclare la guerre ». Quoi qu’on dise aujourd’hui, les malfrats ont déjà frappé en plein cœur de l’institution policière. Faute peut-être à l’absence des moyens et de la logistique adéquate pour appuyer cette opération pourtant saluée par les populations.
Les redéploiements de personnel, un facteur accablant
Les structures et institutions en charge de la politique sécuritaire au Bénin ont vu passer à leur tête, plusieurs responsables ou autorités. Pour un petit dysfonctionnement ou promotion fantaisiste, on décharge des officiers supérieurs de leur responsabilité. Le phénomène est encore plus déplorable avec le gouvernement de la rupture où on assiste pratiquement à une série de limogeages. Si les problèmes internes au sein de l’armée béninoise apparaissent déjà comme un facteur de démobilisation de la troupe, les redéploiements tous azimuts de personnel en rajoutent aux difficultés pour asseoir une stratégie efficace de riposte de longue durée en vue de lutter efficacement contre la pègre au Bénin.
La vidéo surveillance en question
Toujours dans les recherches de solution pour venir à bout des plans sordides des malfrats et divorcés sociaux, le gouvernement du Nouveau départ est décidé à utiliser tous les moyens modernes pour maîtriser la question de l’insécurité. Le débat sur l’utilisation du système de la vidéosurveillance afin de renforcer le dispositif sécuritaire du pays reste toujours d’actualité. Cela s’ajoute aux moyens supplémentaires accordés aux forces de l’ordre pour juguler la criminalité.
La vidéosurveillance fera désormais partie du dispositif de sécurité du Bénin. Si ce dispositif existe déjà dans certains centres commerciaux, voire structures étatiques, il est moins connu dans la majeure partie du pays. Il a longtemps fait défaut dans la lutte contre le grand banditisme, compliquant parfois les enquêtes policières, en raison d’absence d’indices probants pouvant conduire à l’identification des auteurs d’un crime. Face à ce constat, et surtout en raison de l’insuffisance d’agents pouvant assurer la sécurité des personnes et des biens, le chef de l’Etat est convaincu qu’il apportera un plus dans la lutte contre l’insécurité.
Conformément aux prévisions, ce dispositif sera installé au niveau des régies financières des administrations et des entreprises publiques comme privées de même que dans certains milieux de grande affluence, ou dans les lieux publics susceptibles d’être cambriolés ou vandalisés. L’objectif du gouvernement du Nouveau départ, c’est de faire reculer la grande criminalité et de faire progresser les enquêtes policières. Pour rappel, c’est grâce à la vidéosurveillance que les auteurs du braquage d’un supermarché de la place ont été identifiés, recherchés, retrouvés et abattus par les forces de l’ordre. Au regard de ce succès, le Bénin tend vers une généralisation de l’utilisation de la vidéosurveillance pour contribuer à lutter contre le grand banditisme. Le besoin se faisait sentir depuis, mais les régimes qui se sont succédé n’ont jamais pris la question au sérieux, comme vient de le faire le gouvernement du Nouveau départ.
Au-delà de la volonté affichée par le gouvernement de prendre le taureau par les cornes pour faire face à l’insécurité, il apparaît clairement qu’il veut faire plus que ce qui se faisait, non seulement en augmentant les capacités opérationnelles des forces de l’ordre, mais aussi en alliant les moyens humains à la technologie. L’eau a tout de même coulé sous le pont. L’opérationnalisation de ce dispositif dont les populations attendent les premiers signaux tarde à venir. Pratiquement aucun débat. Tout laisse croire qu’il s’agit d’un effet d’annonce pour montrer sa bonne foi à lutter efficacement contre l’insécurité au Bénin. Vivement que le gouvernement remette sur tapis le sujet, vu son importance en ce qui concerne la libre circulation des personnes et des biens.
La force républicaine tenace, mais…
Le Bénin devient progressivement une terre de grande criminalité même si cette dynamique est en dents de scie. La fréquence et l’ampleur des braquages ou autres actes de violence s’amplifient. Les cibles qui en font souvent les frais sont les banques, les supermarchés, les grands commerçants, les cambistes, les habitants des quartiers de riches, les détenteurs des moyens de déplacement de haute gamme. Les facteurs d’insécurité se résument à la délinquance, le chômage, l’instabilité économique, l’arbitraire juridique, le déficit de solidarité etc. Les diagnostics sont connus.
Reste à anticiper sur les actions pour garantir la quiétude sociale aux populations. La dernière option définie au sommet de l’Etat est bien évidemment la Police républicaine ou Fusi (Force unie de sécurité intérieure). Mais depuis sa mise en œuvre, il y a moins de trois ans, de nombreuses questions restent en suspens. L’initiative de fusionner les éléments de la Police et de la Gendarmerie n’avait pas fait l’unanimité au sein de la grande muette. Le sort de cette force paramilitaire laisse encore beaucoup de doutes, vu les grognes et murmures qui deviennent de plus en plus persistantes. Et pourtant, à un moment donné, on pensait que le plus dur a été fait avec le recul des actes d’insécurité et de braquage dans le pays. Mais cette accalmie ne sera que de courte durée car, la tendance est aujourd’hui à la hausse, avec l’épineuse question des Peulhs transhumants. Comme quoi, chasser le naturel, il revient au galop.