Vague d’indignations depuis la modification ce 02 juin 2020 à l’assemblée nationale du code électoral en vigueur au Bénin. Une modification qui intervient en plein processus d’installation des conseils communaux suivi de l’élection des maires et de leurs adjoints. Une relecture, une explication ou un complément, quoiqu’on l’appelle, pose un grand problème aux yeux des observateurs et objecteurs de conscience. Si pour d’aucuns il fallait une modification pour sauver les communes des blocages tous azimuts, pour d’autres c’est un rétropédalage inédit. Un acte de plus pour parfaire l’imperfection que révèlent ces lois et textes votés par l’assemblée nationale du Bénin de la 7è législature à la 8è, et qui suscitent moult remous et contestations.
Dans ce lot de dépités, le Professeur Joël Aïvo n’a pas manqué de pousser la chansonnette pour montrer à quel point l’inconséquence des législateurs porte atteinte à l’honneur du pays. Aussi, il pointe du doigt l’insécurité juridique que créent ces revirements, décisions et lois. « La Loi est la Loi de la République, quand elle est la même pour tous ses enfants » peut on lire sur la page Facebook de l’avocat.
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Le code électoral ou leur règlement intérieur ?
Si la loi est discréditée, si elle a perdu notre confiance, si nous ne croyons plus qu’elle est la Loi de la République, c’est bien parce qu’elle est désormais faite pour le bonheur des uns et utilisée pour crucifier les autres. Les uns subissent la rigueur, voire la vengeance de la loi ; au nom de la loi, certains sont exclus du jeu démocratique, d’autres sont contraints d’abandonner à ceux qu’ils ont battu dans les urnes, les sièges, les arrondissements et les mairies que les électeurs leur ont confiés. Dans le même temps, les autres échappent aux petites contraintes de la même loi grâce à une modification opportuniste des règles du jeu au cours du jeu. Devant nous, la Loi s’ajuste, se retourne, se conforme et s’adapte au millimètre près aux intérêts de ses auteurs. Ce n’est plus du prêt-à-porter, c’est du sur-mesure.
Quand la loi cesse d’être générale et impersonnelle, quand elle est instrumentalisée et manipulée comme ça, elle se dévalorise et devient une menace pour nos droits et une source d’insécurité juridique et d’injustice pour les citoyens.
La Loi est la Loi de la République, quand elle est la même pour tous ses enfants
Frédéric Joël AÏVO