C’est un compte youtube qui porte le nom de KKTV (Komi Koutché Télévision). Un canal d’où l’ancien ministre des finances s’adresse aux béninois. Le canal est d’une audience moyenne. Le montage, le décor virtuel, la posture et le discours sont eux de nature et de ton présidentiel. Une revanche, d’un concurrent politique presque sûr d’avoir perdu la bataille du terrain et qui cherche à rester dans les esprits des béninois coûte que coûte. Posture présidentielle toute faite : discours lu au travers d’un prompteur, l’arrière-plan flanqué d’un visuel qui déroule une imposante maison blanche dont, la coupole symbolise les ambitions démesurément suprême de ce cacique du régime Yayi.
Des sujets de ses adresses à la nation
Dans le ton tout est travaillé. Les sujets eux vont du quotidien des béninois aux dossiers qui l’opposent à son Etat. Komi Koutché aussi fait des sorties pour apprécier la gestion du gouvernement en place. Ces deux dernières apparitions sont respectivement liées à sa condamnation à 20 ans de prison par la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (Criet), dans une affaire qui remonte à sa gestion d’une structure de micro finance et au bilan économique de la gestion de Patrice Talon. Dans tous les cas, la posture reste la même. C’est plus que Komi Koutché qui s’adresse de Washington DC au peuple béninois, son peuple devant qui il se porte et se positionne en alternative bénigne et profitable. Dans sa communication éminemment travaillée il oppose son image à celle du système en place.
Communication politique d’exil à la méthode Koutché
Une pratique de communication d’exil politique que l’on découvre spécifique chez Komi Koutché. Dans ses vidéo youtube, c’est plutôt un enfant du pays qui, sans doute dans le silence de ses nombreuses nuits passées loin des siens, souffre mais devant cette caméra pour ces quelques apparitions il ne le dira pas. Une communication d’exil politique originale où face à la souffrance apparente, l’étudiant exilé politique, déroule un tapis de sentiment dominé par l’espérance. Même quand il est condamné par contumace, Komi Koutché va en rire et promettre la fin de l’exil; Koutché reste lui. Cette communication fait-elle des effets ? Nul n’a tenté pour l’instant l’évaluation. Une chose est certaine. L’audience sur le suivi de l’actualité de la personnalité politique qu’il est, reste moyenne.
A chacune de ses apparitions la presse en ligne, dans laquelle demeure une once de liberté, en fait écho. Vivre l’exil sans tempêter, insulter ni pleurnicher, entreprendre un chemin de patience, une posture originale. Reste à savoir si la finalité elle sera à la portée de ce jeune maillon clé d’un système (il y a 4 ans encore) dont la fin n’était pas imaginable.