Alors que Patrice Talon s’occupe des moindres détails de son PAG, son opposition s’entre-déchire. Comme quoi, chacun a sa braise.
Patrice Talon doit boire du petit lait en ce moment. Depuis quelques jours, les partis qui s’opposent à sa gestion ont mis au grand jour la division qui les mine. Si ce manque d’unité n’est pas inédit, il apparaît préjudiciable pour une opposition qui ne jure que par la fin du régime de la rupture en 2021. En l’absence d’une stratégie claire à moins de sept mois du scrutin présidentiel, l’opposition sème des épines sur la route du palais de Marina.
Si Basile Ahossi du parti Les Démocrates demande d’avancer « parce que le plus urgent, le plus utile est de combattre le groupuscule d’appatrides qui pille le pays », l’opposant n’a pas manqué de tacler un autre opposant dans un commentaire sur les réseaux sociaux. « Il a des partis qui n’ont jamais conduit leurs militants à aucune élection, les chefs se font coopter à intervalles réguliers par d’autres formations politiques pour ne pas disparaître » : une pique lancée au parti Restaurer l’espoir. Sans citer le président de ce parti, Basile Ahossi fait savoir que ce dernier a été aux côtés de Boni Yayi au pouvoir, avant de retourner sa veste. Du Azannaï tout craché ! Ce dernier avait, en effet, dénié au parti Les Démocrates, leur véritable posture d’opposition en affirmant qu’ « Il y a pire que Hounkpè et Yarou dans Les Démocrates ». Paul Hounkpè et Théophile Yarou étant du parti Force cauris pour un Bénin émergent à qui les opposants dénient d’être des leurs.
Une véritable opposition ?
Derrière ces querelles de clocher, se cachent une volonté de chaque groupe de l’opposition de revendiquer sa posture de véritable opposant au pouvoir de Patrice Talon. Au Bénin, il n’est pas rare d’entendre les opposants se considérer comme être les plus proches du peuple. Du coup, la bataille est rude pour brandir ce flambeau entre différents partis. Tous les coups sont permis aussi. Vous avez d’abord la FCBE. Les autres partis de l’opposition l’accusent d’être trop proche du pouvoir. La FCBE, quant à elle, reproche au parti Les Démocrates d’être des radicaux dans la lutte pour mettre fin au régime de Patrice Talon. Et puis, vous avez les partis Restaurer l’Espoir (RE) et Union Sociale Libérale (USL) qui, l’objet d’une sortie médiatique, doivent montrer qu’ils existent encore.
L’unité affichée lors des législatives de 2019 a volé en éclats. « L’opposition désarticulée se déchire en interne et reste forcément dispersée », conclut, sur les réseaux sociaux, Soulemane Koto Yérima, acteur de la société civile. Alors que le scrutin présidentiel approche, l’opposition avance dans la désunion. Et il n’est pas sûr qu’elle changera de fusil d’épaule à quelques semaines d’avril 2021. La méfiance est ambiante au sein des acteurs. Si le parti Les Démocrates obtient son récépissé, sera-t-il capable de faire front commun dans la lutte avec la FCBE ? Si la FCBE obtient les parrainages suffisants pour présenter un candidat, sera-t-elle soutenue par Les Démocrates ? Quid de RE et de l’USL ? Difficile de répondre à ces questions alors que ces partis se tirent une balle dans le pied.
Opposition fragmentée, Talon verni
Les divisions au sein de l’opposition sont légion en Afrique. Chaque opposant avec son parti a envie d’être le leader. A quelques mois des élections sur le continent, l’opposition est même au bord de l’implosion, si ce n’est le cas dans certains pays. Les chefs d’État et de gouvernement en Afrique se frottent les mains devant ce spectacle. Le Bénin ne fait pas exception.
Patrice Talon ne pouvait espérer mieux pour la fin de son premier mandat. Il achève paisiblement son mandat, conduit son programme d’actions de gouvernement. Dans quelques jours, il va encore démontrer, avec la reprise des classes, sa volonté de ne pas arrêter la marche du pays malgré la Covid-19. Le président de la République peut mieux se concentrer sur ce qu’il va ou fait dire de son bilan à la tête du pays. Au lieu d’une cause commune pour proposer une alternative à la gestion actuelle en critiquant les réalisations du régime de la rupture, l’opposition se combat. Elle avance également désordonnée sur la question du parrainage. Au grand bonheur du compétiteur né qui prépare sereinement la prestation de serment de mai 2021. Tant pis pour l’opposition testée positive au virus de la division.